Variétés Delphi
Variétés Delphi, c’est un roman qui met en scène un serveur «entre deux âges», c’est-à-dire pas tout à fait adulte et pas encore sorti de l’adolescence sur certains aspects de sa vie. Il parle de lui en disant «on», à l’instar de Réjean dans La p’tite vie, mais revient parfois au «je», ce qui crée un climat de lecture particulier. Il a visiblement une petite fille à lulus et une ex demeurant à Québec qu’il épie, alors qu’il habite Montréal. Un éternel ado qui n’aime pas les Djièfe accompagné ou pas de leur Vanesse. Vous savez, ces gars à la calotte à l’envers, aux pantalons dont la fourche arrive aux genoux et aux gros colliers un peu débiles, qui sortent avec des filles aux seins incommensurables, aux cheveux blonds (teints, évidemment) et au maquillage qui a tout ce qu’il y a de moins naturel. Ceux-là mêmes qui forment le cliché si détesté, mais ô combien réel… Le sort qui leur est réservé dans ce roman à l’heur de créer des idées de reproduire le concept! Un personnage qui s’applique à rendre l’existence des gens qu’il côtoie totalement infecte, en quelques gestes calculés comme celui de remuer violemment toutes les bouteilles de Champagne dédiées à une réception de mariage. Bref, un connard, mais attachant.
Dès le premier chapitre, vous serez happé par une narration choc au sujet de la petite fille à lulus, cru morte par son papa. Un premier chapitre complètement différent de la suite pendant laquelle vous serez porté à rire. Sans même que vous ne vous en rendiez compte, vos lèvres esquisseront un sourire tellement le personnage est irrévérencieux, à la limite de l’insolence. Il dit et fait ce que nous avons tous envie de faire, mais que nous ne faisons pas, question de rentrer dans les normes de la société.
Puis, au milieu du livre, le ton bascule et le personnage de Nicolas Chalifour laisse voir sa véritable nature. Celle d’un homme qui n’accepte pas véritablement sa vie, qui cherche à la fuir et qui demeure terrorisé devant la réalité.
Si de nombreuses séquences de ce livre me restent en tête, j’en garde aussi le sentiment d’une inconstance dans le récit. Certains passages, reproduits intégralement en anglais, n’apportent rien au texte. D’autres sont carrément trop descriptifs. Au final, reste l’essence d’un personnage attachant et bien développé, mais à la vie tellement éclatée qu’il en vient difficile, si on n’en tient pas les ficelles, de s’y retrouver.