Suisen

Gorô est président d’une entreprise prospère, père de deux enfants pour qui il envisage un avenir à son goût et mari d’une femme de bonne famille qui ne lui demande rien et qu’il croit avoir contentée avec une maison de campagne où elle s’évade pour peindre. Il a aussi deux maîtresses qu’il entretient et desquelles il attend une disponibilité à toute heure pour répondre à ses besoins. D’un appel, il exige un repas précis sur la table à son arrivée, une présence sans failles quand il le décide.

À ce moment de sa vie, Gorô trouve qu’il a bien réussi. Il s’entoure de chefs d’entreprise, court les événements mondains et exhibe fièrement sa collection de photos où il est présenté aux côtés de célébrité, voilà à quoi se résume son travail alors que ses employés se démènent pour faire grandir l’entreprise à la tête de laquelle il trône.

Rien ne semble perturber cet homme sûr de lui et convaincu de détenir tous les pouvoirs jusqu’à ce que son château de cartes si bien érigé commence à s’effondrer sans qu’il n’arrive à le retenir. Seul devant son miroir, l’homme d’une cinquantaine d’années se trouve confronté à sa dure réalité pour la première fois…

L’écriture fluide d’Aki Shimazaki sert cette histoire qui aurait pu être banale sans cette magnifique plume qui enrobe le tout. Le détestable Gorô plonge en chute libre dans son passé d’homme blessé et, en tant que lecteur, on a envie d’applaudir férocement à ce retour du balancier tout en ayant envie de lui dire de ne pas trop s’en faire, que tout finit par passer, tellement on a pitié de lui. Y aura-t-il une lueur d’espoir pour cet homme brisé?

À lire pour la douceur, la justesse et ce personnage principal si vrai qu’on a envie de le frapper!

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