Stigmates et BBQ
Commençons par une confession (c’est à propos d’un livre qui parle de stigmates!) : je n’avais jamais lu du Stéphane Dompierre avant ce livre-ci. Pourquoi? Simplement parce qu’on m’avait tellement dit que c’était de la littérature masculine (comme si les livres avaient vraiment un sexe…) et que je n’ai pas été assez curieuse pour en ouvrir un seul. Voilà!
Sautons dans le vif du sujet maintenant. Nathalie âgée dans la quarantaine, orpheline, sans enfant, célibataire et ancrée dans sa routine de vie monotone, gagne un voyage en Italie. De quoi changer son quotidien banal. Elle se retrouve donc à Sienne, dans une chambre de la villa Cornetto au mur décoré d’un crucifix qui revient en place malgré le fait que Nathalie le cache dans un tiroir, sous son lit, le lance par la fenêtre ou le place dans le coffre-fort de l’endroit. En parallèle, on découvre l’histoire du Padre Pio, prêtre pervers qui scrute le corps de jeunes femmes sur Internet, et aussi celle de Gianluca qui se fait justicier religieux en désirant ramener les délinquants sur le droit chemin à grands coups de bible, de chapelet et d’eau bénite. Puis vient le moment où notre héroïne, qui s’est aussi découvert des talents de guérisseuse, se lie d’amitié avec Laura, jeune femme sexy qui rêve d’être acceptée par les Suicide Girls et qui fait partie des fantasmes d’un policier fervent de matraque… C’est à partir de là que les choses dérapent.
Si l’écriture de Dompierre est fluide, irrévérencieuse et le récit captivant par moment, on ne peut en dire autant de l’histoire qui tourne un peu en rond et de la présence de sexe un tantinet exagérée. Je n’ai rien contre la sexualité dans les livres, mais franchement, lorsqu’elle devient débridée sans autre raison que de provoquer, je n’adhère pas. C’est le cas dans Stigmates et BBQ puisqu’on y trouve de nombreuses scènes dans lesquelles un des personnages se masturbe et l’autre se dévergonde dans une mesure si éloignée de sa personnalité profonde qu’on se croirait dans l’adaptation littéraire d’un mauvais film porno.
Il est vrai que Dompierre offre ici une critique cynique de la religion catholique dans tout ce qu’elle a de plus noir. Ce Padre obsédé est bien le reflet de ce que nous entendons dans les médias ces dernières années, mais était-ce vraiment nécessaire de le mettre en scène?
Tout au long de ma lecture, j’ai eu l’impression que certains éléments auraient pu être plus développés. J’aurais voulu qu’on m’en donne plus, qu’on m’explique, sans me prendre par la main, pourquoi Nathalie change subitement du tout au tout ou pourquoi Laura et elle deviennent les meilleures amies du monde en quelques heures seulement. Le fait d’allonger le récit, de plonger plus profondément dans la psychologie des personnages aurait probablement mieux servi les scènes perverses et leur aurait donné une raison d’être. Peut-être qu’il aurait aussi mieux valu choisir un des trois récits et le creuser plutôt que de les mener tous en parallèle dans un effleurement qui nous laisse sur notre faim.
Mais bon… je vais lire ses autres romans maintenant!
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