Motel Lorraine
En 1977, Sonia, une voyante québécoise décide de fuir Montréal pour s’établir à Memphis, destination choisi par son pendule pour renouveler sa vie. Avec ses deux filles, elle loue la chambre 306 du Motel Lorraine sur le balcon de laquelle a été assassiné Martin Luther King le 4 avril 1968.
C’est dans cette ville du Tennessee que les deux filles, Louisiane et Georgia, vivront de grands bouleversements. Leur mère, gravement atteinte du diabète, ne sort pratiquement pas de sa chambre et nourrit ses filles de friandises et de friture. Louisiane, 14 ans et anorexique, en profite pour découvrir la vie grâce à la télévision qu’elle peut écouter chez un photographe qui tire son portrait et dévoile ses mensurations parfaites. De son côté, Georgia, plutôt ronde, mais terriblement bien dans sa peau, joint les rangs de la chorale de l’église où on découvre sa voix magnifique.
Sur un fond de ségrégation raciale, Brigitte Pilote nous présente des personnages bien tissés, quoique trop nombreux et dont le roman aurait pu se passer. Le rythme du récit est rapide et garde le lecteur accroché entre les chapitres courts où se produisent de nombreuses tragédies, pas toujours nécessaires pour faire avancer l’histoire.
C’est à la fin du roman que l’auteure se permettra de nous dévoiler l’avenir des deux jeunes filles, pivot de tout le récit. Si le dénouement de Motel Lorraine m’a un peu laissée sur ma faim, j’avoue avoir tout de même apprécié cette lecture émouvante et la plume, belle et vivante de Brigitte Pilote. J’aurais aimé un nombre de pages plus élevées, des personnages moins effleurés et une finesse davantage exploitée dans l’écriture déjà soignée de l’auteure. Le prochain sera sur ma table de chevet pour sûr.