Romans québécois

Le chemin d’en haut

Roman Le chemin d'en haut de J. P. Chabot aux éditions Le Quartanier

Au début, il part de Montréal pour revenir enterrer ses parents morts dans un accident de ski-doo. Ça fait des années qu’il n’a pas visité la petite maison blanche de son enfance et il n’a pas l’intention de s’éterniser là. Il règle la succession, vend la demeure et retourne à sa vie, loin de ce fond de rang qui ne lui ressemble plus. C’est, du moins, le plan de départ du roman Le chemin d’en haut qui se déroule à Rivière-Bleue à la frontière entre le Québec, le Nouveau-Brunswick et le Maine.

Alors qu’il a laissé son conjoint et leur fille dans un appartement crade de la grande ville, il s’accroche les pieds au bar-motel le Cygne Blanc où il s’attarde à jaser avec Sam de son passé, de son avenir, et de ce qui existe entre les deux. À force de diseuse de bonne aventure, il se rend compte que malgré son départ de la région, ce territoire vit toujours aussi fort à l’intérieur de ses tripes.

«J’ai regardé une dernière fois l’entrepreneur de pompes funèbres, devant la dorure de ses niches, entre les colonnes néo-classiques, dans l’astiqué de sa mélamine, son silence de tapis.»

Le chemin d’en haut traite du territoire, du retour à la terre, comme de nombreuses œuvres québécoises, mais pas que. Loin de glorifier la campagne, l’auteur met en relief certaines des problématiques de ces endroits reculés : les voisins qui reluquent partout, ces secrets de village que tous connaissent, les grosses compagnies tentant de prendre avantage sur les habitants qui n’y voient que du feu. Le tout est enrobé d’une langue rythmée, sensible et à l’oralité bien présente qui ajoute une cadence tout à fait agréable à l’ensemble.

À toutes les pages, j’ai ressenti une nostalgie de mon coin de pays, mon fond de rang à moi, ce territoire qui m’a formée avant que je ne me lance dans l’aventure de la ville. Voilà un excellent roman sur ce que nous étions, ce que nous sommes et ce que nous aurions pu être.

À noter que le personnage principal de ce roman est non genré (il n’est jamais mentionné s’il s’agit d’une femme ou d’un homme). Je l’ai personnellement imaginé comme un homme dès le début pour des raisons qui m’appartiennent. Libre à vous de le percevoir autrement.

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