La Maîtresse
Ce livre mélange les chapitres de la maîtresse, le personnage, et ceux de l’auteure, celle qui écrit un roman, qui a parfois de la difficulté à faire avancer son récit, celui qu’on est en train de lire.
Lynda Dion propose un roman sans ponctuation, un exercice qui peut être déstabilisant pour le lecteur au départ. Puis, sans même s’en rendre compte, on ajoute nous-mêmes les points, les virgules, les exclamations. Après quelques pages seulement, on a oublié qu’il manquait quelque chose.
La maîtresse, c’est la professeure de français du secondaire. Celle aux prises avec les élèves récalcitrants, puis avec ceux qui n’ont pas ce qu’il faut pour réussir et ceux qui veulent absolument tout leur dire. Une professeure qui laisse voir ce qui semble être la dure réalité des enseignants maintenant que l’enfant et le parent sont roi. Elle-même professeure, Lynda Dion pose un regard contemporain sur le métier, une profession parfois difficile à assumer pour ceux qui restent, ceux qui sont passionnés par la transmission des connaissances et qui persistent à garder espoir.
«la première «vraie» famille je l’ai quittée de la pire des façons qui soient je n’ai pas claqué la porte pas fait de scandale j’ai commencé à me taire au souper je n’avais rien à dire qui puisse les intéresser»
Mais, la maîtresse, c’est aussi l’amante, la femme qui ouvre les jambes et qui n’attend rien en retour si ce n’est le prochain coup de téléphone de l’homme qui partage une partie de sa vie. Une partie seulement. Parce que la maîtresse d’école, ce n’est pas seulement un robot qui donne des leçons. C’est une femme, une mère qui a peur de ne pas réussir, tout ça à la fois dans un enchevêtrement particulièrement intéressant.