Romans québécois

La Grande mêlée

La Grande mêlée - Michel TremblayLire Michel Tremblay, c’est comme enfiler son jeans préféré. Chaque fois, on se dit qu’on devrait en lire (le porter) plus souvent.

Après 45 ans d’écriture, Tremblay n’a pas perdu de plumes dans son écriture toujours aussi fluide. La Grande mêlée boucle la saga familiale qui nous permet de suivre les familles de Rhéauna et de Gabriel de 1910 à 1998. L’histoire se déroule en 1922, moment où les cartons d’invitation ont été envoyés pour le mariage de Nana et Gabriel, le 3 juin. Reste à acheter la robe. Tout au long des pages, on découvre chacun des personnages invités au mariage et leur réaction à l’idée de revoir celles et ceux qu’ils n’ont pas vus depuis longtemps. Les invitations remuent divers souvenirs, ravivent des émotions ayant été enfouies depuis des années et nous mènent jusqu’au jour de la noce.

 

 

«Ti-Lou crève l’enveloppe de chocolat avec la langue,
laisse le jus de cerise couler dans sa bouche,
mord dans le fruit confit qu’elle 
mâche
longtemps avant de l’avaler.»

Pour écrire cette chronologie inversée (il a écrit la fin avec Hôtel Bristol, New York, N.Y. en premier), Michel s’est fié à sa mémoire pour ne pas faire d’erreur dans la vie de ses personnages. En rédigeantLa Grande mêlée, il connaissait déjà la fin de la vie de Babette, de Simon, d’Alice, de Florence et de tous les autres. À mon avis, cette manière de procéder ajoute une émotion palpable à l’œuvre puisque l’auteur s’est attaché à son petit monde depuis toutes ces années. Il les aime, ses personnages.

Pour Tremblay l’écriture des dialogues en joual se fait dès le premier jet, mais, même après autant d’années d’écriture «ça reste difficile dans la clarté du propos. Dans une conversation, on n’est pas toujours clairs, mais dans un dialogue littéraire, tout doit l’être». Pour sa part, la forme du récit se présente d’elle-même. En débutant l’écriture, il sait déjà si cette œuvre sera une pièce de théâtre ou encore un roman, deux formes littéraires qu’il affectionne tout autant et qu’il n’a pas l’intention de quitter.

Finalement, l’auteur m’a confié que «Pour la première fois en 21 ans, je pars pour Key West sans savoir exactement si je vais écrire ou non…». Parions qu’une idée de roman a déjà germée dans la tête de Michel Tremblay et qu’il nous prépare une autre œuvre digne de son talent.

«J’aurais l’intelligence de me taire si je n’avais rien à dire!» conclut-il en riant!

Cliquez ici pour acheter La Grande mêlée en ligne