La Baleine de parapluie
Il y a de ces romans qui mettent en scène des personnages tellement détestables qu’on en fini par se lever la nuit pour les haïr et les aimer en même temps.
C’est le cas de La Baleine de parapluie, roman rempli d’humains cons, fainéants, alcooliques, mais tellement attachants qu’on a envie de les retrouver dans quelques années pour savoir ce qui leur arrive.
Impossible à résumer, La Baleine de parapluie, c’est l’histoire d’une famille dysfonctionnelle qui tourne autour de Paulo, jeune garçon qu’on voit grandir, se faire dénigrer, rabrouer, celui qu’on a envie d’amener manger une crème glacée et lui offrir de la tremper dans le chocolat en prime. Et l’adjectif dysfonctionnel n’est peut-être pas assez fort, mais je n’en trouve pas d’autre pour qualifier cet amalgame de personnages magnifiquement bien développés, tellement que si on les rencontrait dans la rue, on aurait envie de leur cracher au visage toute la hargne qu’ils font naître en nous.
De l’oncle cambrioleur au docteur affligé d’un tic lui faisant crier «pouêt-pouêt» en passant par le bordeline qui fait des voyages astraux et celui qui boit pour oublier son passé, Stéphane Libertad a une capacité indéniable à mettre en place des personnages tout ce qu’il y a de plus réaliste. Heureusement, on a aussi droit à grand-maman Jeanne, à Camille et à Clémence, un tantinet moins cinglées que les autres, ça nous réconcilie avec la vie.
À la lecture de ce roman, on se sent comme lorsque l’on boit un café, qu’il n’en reste qu’une seule gorgée, froide et qu’on ne peut s’empêcher de l’avaler avec satisfaction, un peu de honteux d’avoir aimé à ce point la compagnie d’êtres aussi terriblement vrais de méchanceté, de problèmes, de fainéantise, d’avoir apprécié cette gorgée autant que la première.
Si la mise en place de chacun dans ses défauts et ses qualités est un peu longue dans les premiers chapitres, le fil qui retient toute cette famille est bien visible et se boucle magnifiquement dans les dernières pages. Et quel titre époustouflant de tendresse! Vous m’en donnerez des nouvelles lorsque vous aurez lu son origine!
Alors, on va prendre un café, jusqu’à la dernière gorgée?