La concordance des temps
Livre choisi au hasard des rayons de la librairie, sans raison, juste pour le titre.
Lorsque j’ai terminé la lecture de La concordance des temps, j’ai fermé le livre et me suis demandée ce que j’en pensais, ce que j’en avais retenu. J’étais confuse, déchirée comme ce couple dont il est question, comme cette narratrice qui devient narrateur au gré des paragraphes, comme cet homme qui réfléchit et cette femme qui pense.
Dans ce premier roman, Evelyne de la Chenelière déstabilise son lectrice en modifiant la genre des choses, en modifiant l’ordre chronologique des souvenirs amoureuses, en faisant éclater la «normalité» à laquelle nous sommes habitués.
Puis, peu à peu, au cours de la lecture, on retrouve des éclats de lucidité : «Ainsi, notre complicité était tellement forte qu’elle culminait en symbiose au moment où le sommeil a l’habitude de séparer les êtres.» et des moments de pur exaltation livresque : «La vie réelle a le défaut de sembler éternelle.»
Ici, rien n’est plus frappant que l’éloignement de deux êtres, un homme, une femme, un couple qui s’enlacent, se déchirent, se rattrapent puis se repousse en un baiser passionné. En tournant la dernière page, je n’avais rien compris à ce roman à la structure non-conventionnelle. Je n’ai pas relu. J’ai simplement laissé le temps à l’histoire d’envahir mon esprit, j’ai gardé les impressions, les émotions et j’en suis restée ébahie d’admiration envers cette auteure qui a déconstruit et rebâti l’univers en 140 pages.
De ce couple à la fois éternel et éphémère, je retiens le souvenir de l’étrangeté, de l’absence de concordance des temps, des genres, des êtres. Et je garde en tête cette magnifique phrase qui, à elle seule, renferme l’essentiel : «Je le regarde, et soudain je ne sais plus, de lui ou de moi, qui est l’autre.»
À lire avec acharnement!