Déloger l’animal
Dans Déloger l’animal, Véronique Ovaldé propose le point de vue naïf d’une enfant sur la vie amoureuse de sa mère, sur sa vie de famille, sur la vie en général. Rose a 15 ans mais en parait 7. Elle est différente des autres, va dans une école spéciale, l’institut. Puis un jour, sa mère, à la perruque de vinyle blonde, disparait. Brutalement. Après avoir lu attentivement les faits divers du journal pendant des semaines. C’est à ce moment que Rose enclenche les rouages de son imagination pour se créer une famille, une histoire, à la hauteur de ses rêves, une raison à la disparition de celle qui constituait tout son univers.
L’imagination sans borne de Rose lui permet de continuer à croire en la vie, en l’amour passionnel qu’elle imagine avoir existé entre sa mère et un jeune homme quelle croit être son père. Elle tisse la trame d’une histoire invraisemblable dans laquelle sa mère, éprise du jeune homme, met le feu à sa propre maison pour se libérer de l’emprise d’un frère contrôlant et s’enfuit avec l’élu de son cœur.
Malgré toute cette histoire fantasmée, Rose voue un amour moelleux à l’homme dans la vie de sa mère. Un homme gros, tendre et sucré comme une guimauve enrobée de chocolat, un homme qu’elle croit directeur de cirque dans sa naïveté, mais qu’elle sait gérant d’un cabaret du nu…
La ligne entre la réalité et l’imaginaire de Rose est parfois difficile à déceler, si bien que l’on se laisse prendre au jeu de cette enfant attardée faisant preuve d’une lucidité parfois déroutante. L’écriture émouvante de Véronique Ovaldé met en scène un personnage attachant qui, malgré son retard mental (ou grâce à celui-ci), nous laisse voir une jeune fille à la pureté déstabilisante. À lire pour déloger l’animal.