Au grand lavoir
Il travaille pour les espaces verts de la ville de Nogent-le-Rotrou. Tantôt plantant des fleurs, tantôt passant la tondeuse, il en a presque oublié son passé tellement sa nouvelle vie est stable et rangée.
Elle vient de publier un roman pour sa fille qui est morte à 16 ans. Alors qu’elle passe à la télé, il voit son visage et se souvient d’elle. Il y a plusieurs années, il a violé puis tué sa mère. C’est pour cette raison qu’il est allé en prison il y a trente ans, à une époque où il n’était pas le même homme.
Sans pouvoir s’en empêcher, il entre dans une librairie pour acheter le livre de celle qu’il a faite orpheline et apprend qu’elle sera bientôt de passage pour une séance de signature là même où il a rebâti sa vie sous une nouvelle identité.
C’est l’élément déclencheur pour qu’il replonge dans cette période trouble et que la culpabilité remonte en lui alors qu’il croyait avoir fait la paix avec son passé.
La narration se promène entre elle et lui, d’un chapitre à l’autre et avec une grande fluidité.
L’écriture de Sophie Daull est, malgré la gravité du propos, douce et empreinte d’une émotion palpable. À un point tel que le lecteur en vient à espérer un pardon inéluctable envers le meurtrier repenti. Jamais vous ne pourrez regretter les minutes passées à lire ce splendide roman.
«Un tapis crissant de miettes de coeur de déroule sous leurs quatre semelles inconsolées qui marchent vers l’hôtel en silence.»
Bon à savoir
À l’instar de son personnage, Sophie Daull a perdu sa mère il y a 30 ans alors que celle-ci fût violée et tuée. Plusieurs années plus tard, elle a également perdu sa fille, Camille, qui est décédée subitement à l’âge de 16 ans des suites d’une grave infection.
Au grand lavoir constitue une lecture magnifique qui fait s’arrêter le temps malgré la gravité du propos. Dans ce roman, rien de racoleur ou de sensationnel, simplement une auteure qui a choisi l’écriture comme forme de thérapie pour le drame qu’elle a elle-même vécu. Et elle réussit avec brio!
Au grand lavoir, Sophie Daull, Éditions Philippe Rey, 9782848766812
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