Résolution littéraire pour 2018

En 2017, j’ai eu de drôles de conversations au sujet des types de littérature existant sur le marché… Ça m’a donné l’idée de cette résolution littéraire pour l’année qui débute. À appliquer dans votre vie si le coeur vous en dit!
Faire régresser le snobisme littéraire
L’année qui vient de passer m’a confrontée à des gens qui croient que certains types de littératures sont meilleurs que d’autres. Ça ne m’a pas plu du tout. Je penche plus du côté que tout genre littéraire a ses lecteurs et qu’il est bon de diversifier ses lectures. Point. À mon avis, se borner ne sert à rien sauf à s’exclure.
En 2018, je souhaite que plus de gens ouvrent un livre, peu importe ce qu’il est. Vous aimez la Chick lit? Vous rêvez de policier (les livres, pas les monsieurs!)? Parfait, il y en a pour tous les goûts sur le marché! BD, croissance personnelle, roman d’amour, manuel technique, horreur, science-fiction, gâtez-vous!
Vous n’aimez pas lire? Hum… j’ai bien de la difficulté à vous croire.
Quand j’étais libraire, il arrivait qu’un client entre pour flâner en regardant des livres, sans but pour acheter quoi que ce soit. Puis, en abordant cette personne, on se faisait dire que non, elle n’aimait pas lire, elle attendait juste quelqu’un. Quel beau défi c’était alors de discuter de tout et de rien puis de trouver LE livre qui allait intéresser ce client! La paie dans ce cas était surtout de voir revenir cette personne et qu’elle demande un nouveau livre parce qu’elle venait de se rendre compte qu’elle aimait lire, finalement!
Je pense aussi qu’il y a des gens qui n’ont pas trouvé ce qui les fait palpiter ou qui considèrent que ce qu’ils aiment n’est pas de la véritable lecture (ça, c’est la faute des snobs littéraires, ceux qui dénigrent les genres qu’ils n’aiment pas).
Au fond, il n’existe pas UNE littérature meilleure que les autres. Oui, il existe de grands classiques qui traversent les années, les siècles, et qui sont encensés par la critique. Mais, franchement, ne venez pas me faire croire que ce type de livres est accessible à tous ou même bénéfique pour qui que ce soit. Si vous aimez vous plonger dans les textes de grands auteurs Russes ou Français des siècles passés, grand bien vous en fasse, mais gardez en tête que ce n’est pas parce que vous aimez ça que le reste des livres sont mièvres et dénués d’importance.
À la base, la lecture demeure un divertissement, un moment d’émotion. Oui, elle peut vous amenez à vous informer, à élever votre âme, mais si vous n’en avez rien à foutre de ce que vous lisez et que ça ne vous fait pas ressentir quoi que ce soit, vous ne reviendrez jamais à ce genre littéraire.
Je me souviens d’une fille avec qui j’avais mes cours de littérature française à l’université, un cours sur le 18e et 19e siècle. Elle détestait tout ce qu’elle lisait. TOUT. Elle trouvait ces livres endormants, impossibles à lire, trop descriptifs, bons pour les vidanges. Est-ce que c’était de mauvais livres? Je ne crois pas. Moi j’ai beaucoup aimé lire les Balzac, Zola, Maupassant et autres Flaubert qui étaient à l’étude et j’y reviens parfois, quand j’ai un peu de temps (cette denrée rare!). Mais elle… elle a complètement cessé de lire. Dégoûtée par des lectures qui n’étaient pas adaptées pour elle un tant soit peu. (À noter que nous étions dans un programme en éducation et non en littérature) Et surtout, elle a arrêté de lire parce que ce qu’elle aimait vraiment c’était les romans d’amour ou d’épouvante et que notre professeur les dénigrait allègrement en disant que ce n’était PAS de la littérature. Elle a fini par le croire. Et c’est ce genre d’agissements qu’il faut bannir du monde littéraire.
Évidemment, il est bon de sortir parfois de sa zone de confort en lecture, comme dans tout. Mais il faut garder en tête que tous les genres littéraires se valent. À mon humble avis, il n’existe pas de mauvais genre, simplement de mauvaises combinaisons livre-lecteur.
Si vous êtes adulte et que vous aimez la littérature jeunesse, pourquoi devriez-vous vous en priver? Donnez-moi une seule bonne raison! Vous n’êtes pas le public cible? Mais on s’en fiche! Si ça vous plaît!
Vous lisez des bandes dessinées? Alors là, certaines personnes doivent vous regarder de haut… mais c’est qu’elles n’ont rien compris à la profondeur que peut prendre une bulle de conversation ou même une case sans texte. Ce serait plutôt à ces personnes de s’instruire convenablement.
Bien sûr, il existe de mauvais livres (malheureusement), mal construits, mal écrits… Mais ce qui n’a pas d’intérêt pour vous peut en avoir pour quelqu’un d’autre. À de nombreuses reprises dans ma vie de critique littéraire, j’ai publié un texte «négatif» sur un livre. Parce que MOI, je ne l’avais pas aimé. Chaque fois, je prends garde à ne pas porter de jugement, à décrire plus que critiquer. Oui, je donne mon opinion, mais mon but n’est pas de dénigrer l’auteur qui a mis de nombreuses heures à son travail, l’éditeur qui a cru à l’oeuvre, toutes ces personnes qui ont travaillé pour que le livre soit disponible en librairie. Plusieurs fois, j’ai reçu des courriels de lecteurs qui me disaient «Tu n’as pas l’air d’avoir aimé, mais moi ça me parle alors je cours l’acheter!» Et c’est exactement ça mon but : aider les lecteurs à trouver une lecture qu’ils vont aimer EUX!
L’importance de la littérature jeunesse
J’ai quelques fois entendu dire que la littérature jeunesse n’est pas de la «vraie littérature» et n’amène pas les enfants à s’ouvrir au monde littéraire… #desespoir
Je l’avoue, ça m’a donné des pulsions sauvages pas très dignes. Une personne qui ose affirmer de telles sornettes n’est clairement pas au courant de ce qui se publie en littérature jeunesse. Elle ne les a pas lus, ces livres merveilleux qui font battre le coeur des enfants, qui les font lire sous les couvertures, tard dans la nuit, alors que les parents dorment déjà, ces livres qu’ils aiment d’un amour puissant et pour lesquels ils attendent la suite avec autant d’impatience que la veille de Noël pour ouvrir les cadeaux.
Si je lis autant aujourd’hui, si je suis critique littéraire, si j’ai publié, si j’étudie en édition, c’est parce que quand j’étais petite, j’ai plongé mon regard sur les livres, parce que j’ai rêvé avec Anne Shirley et Émilie Starr, avec Gigi et son tamanoir, mangeur de fourmis pour vrai, c’est parce que j’ai détesté que Sophie découpe son poisson rouge avec son nouveau canif, que j’ai rêvé de Laura Ingalls en pleine tempête de neige, que j’ai tant voulu monter sur le dos de l’oie de Nil Holgersson, que j’ai voulu fonder moi aussi un club de baby-sitters, que j’ai toujours trouvé que François Gougeon n’était pas vraiment le dernier des raisins.
Si je lis, c’est parce que j’ai lu, parce qu’on m’a encouragée à le faire, parce qu’on m’a laissé choisir mes livres comme une grande et parce qu’il y en avait des parfaits pour moi à la bibliothèque. C’était les débuts de la littérature jeunesse au Québec, c’est dire à quel point il y avait moins de choix qu’en ce moment sur les rayons!
En grandissant, j’ai toujours gardé cette affection particulière pour la littérature jeunesse, celle qui m’a formée, celle qui a fait la personne que je suis, celle qui m’a préparé au Menaud maître draveur, Père Goriot, Comte de Monte-Cristo et autre Romain Gary de ce monde.
Alors pour 2018, ouvrons nos horizons, encourageons la lecture sous toutes ces formes, faisons mourir le snobisme littéraire et, surtout, lisons plus!
Bonne année chers lecteurs!