L’hiver à Cape Cod
Au départ, j’ai cru que L’hiver à Cape Cod était le récit qu’un père faisait des problèmes qu’il avait avec son fils aux prises avec un déficit d’attention. Et bien, j’étais à côté de la plaque puisque Pierre Gobeil ne nous expose pas simplement les problèmes d’apprentissage de son fils Peter, adopté, diagnostiqué dyslexique et dysorthographique avec déficit d’attention, tout un cocktail pour un enfant d’à peine 10 ans.
Au beau milieu d’une année scolaire catastrophique, le papa décide de quitter la maison, la ville, le pays pour tenter de venir en aide à son enfant, de lui donner une chance de réussir, comme les autres. Et sans autre rêve que le désir de vivre quelque chose de neuf, pendant plusieurs mois, ils arpentent la Nouvelle-Angleterre jusqu’à Hyannis, au cœur du Cape Cod.
«Le père est fier, mais c’est dans le regard du petit qu’on voit toute l’importance
que revêt ce geste aussi simple que de se ternir la main.»
L’hiver à Cape Cod n’est pas une lecture facile ou divertissante. C’est une lecture difficile, émotive. Ce livre n’est pas le récit d’un échec scolaire, c’est plutôt le témoignage d’un papa qui ne sait plus comment réagir face aux difficultés de son enfant. On a l’impression de lire un journal intime, celui d’un père qui tente, malgré toutes les embuches, d’aider son fils, au nom de l’amour qu’il a pour lui.
Ce ne sont pas les moments de découragement du fils que l’on vit, mais bien ceux de Pierre Gobeil qui se met définitivement à nu devant nous, sans pudeur, il expose ses états d’âmes qui sont certainement partagés par les parents aux prises avec un enfant éprouvant des difficultés d’apprentissage.
Tout en nous émouvant, Pierre pose tout de même un regard critique sur la société que nous avons créée, sur la place que nous désirons que nos enfants occupent en oubliant un peu qu’ils ont aussi le droit d’être des enfants et qu’il n’y a rien de mal à cela :
«Si c’était pas un peu beaucoup qu’il soit devenu nécessaire de donner son premier récital de harpe dans la grande salle de l’école ou du conservatoire devant papi et mamie, tant qu’à y être la salle est grande, devant tout le Quartier DIX30 dès la fin de sa maternelle ou de sa première année. Si c’était trop, un peu beaucoup, ou exagéré de vouloir que son enfant, fiston ou fistonne, Kevin, Arnaud, Josanne ou Mia, éblouisse la terre entière autant pas ses succès scolaires que par son langage, les livres qu’il ou qu’elle a dévorés – quand ce n’est pas il ou elle qui les a écrits lui-même – comme de son propos sur le dernier film ou sur la dernière pièce de Wajdi Mouawad ou de Jasmine Dubé…»
Un récit émouvant qui porte à réflexion sur le monde de l’enfant et le rôle de parent dans un monde où la réussite est de mise.