Le sens de ma vie
Le sens de ma vie n’est pas un nouveau roman de Romain Gary. C’est plutôt la transcription d’un entretien que le célèbre écrivain a accordé à Radio-Canada quelques mois avant de mettre fin à ses jours le 2 décembre 1980.
«Vous me demandez de raconter un peu ma vie, sous prétexte que j’en ai une, je n’en suis pas tellement sûr parce que je crois surtout que c’est la vie qui nous a, qui nous possède.»
Si certaines anecdotes de la vie de Romain Gary nous avaient déjà été relatées dans son roman autobiographie La Promesse de l’aube, on trouve dans Le Sens de ma vie une sensibilité encore plus grande, sans toutefois tomber dans le mélodrame. Gary ne s’étend pas non plus en confession sur sa vie amoureuse et nous entretient surtout de sa vie professionnelle, des divers postes qu’il a occupés, des livres qu’il a écrits.
Le seul auteur ayant reçu deux fois le prix Goncourt* nous livre ici des parcelles de sa vie, éparses, et nous confie en fin de livre «La seule chose qui m’intéresse, c’est la femme, je ne dis pas les femmes, attention, je dis la femme, la féminité.». Par cette confession, on comprend l’ampleur de son attachement envers sa mère, exploité dans La Promesse de l’aube ainsi que la présence de ses personnages féminins marquants comme Rosa dans La vie devant soi.
Publié dans le cadre du centenaire de la naissance de Romain Gary, Le Sens de ma vie demeure discret sur la vulnérabilité de l’auteur. Celui qui s’enleva la vie à l’âge de 66 ans laisse transparaître son mal de vivre puisque malgré toutes ses réalisations, il ne semble pas fier de lui, de ses accomplissements. Comme s’il n’avait pas réussi à atteindre l’idéal.
Si ce livre se lit comme un roman malgré l’oralité du discours, il n’en demeure pas moins qu’il donne envie de (re)lire toute l’œuvre de cet homme d’exception.
* Pour La Promesse de l’aube en 1956 et pour La Vie devant soi publié sous le pseudonyme d’Émile Ajar en 1975